A chaque époque correspondent d’autres idées sur la manière idéale de gérer son cancer et de vaincre une grave maladie.
Il en va de même dans la société d’aujourd’hui où il existe de nombreuses opinions sur la manière dont un malade, suivant le type de cancer dont il est atteint, devrait normalement réagir, penser et se comporter. Cela explique les remarques faites au malade du genre : « Tu dois penser positivement, sinon tu ne guériras pas ! », « Tu dois croire que tout va rentrer dans l’ordre ! », « Tu dois absolument te battre ! ».
Il arrive aussi que des malades se voient offrir des livres avec des titres aussi prometteurs que: « Guérir – Indications pour activer des forces d’autoguérison, à l’intention des patients atteints d’un cancer et de leurs proches » (Simonton).
Qu’entend-on par « gérer sa maladie »?
On peut supposer que le cancer, comme toute maladie grave, déclenche une crise grave majeure qui menace l’équilibre psychique. « Gérer sa maladie » signifie y faire face en s’efforçant de trouver des stratégies permettant de maintenir ou de recouvrer son équilibre psychique.
Les possibilités individuelles et la facilité avec laquelle une personne arrive à trouver des moyens personnels pour s’adapter grâce à son mental au cancer, ont une influence capitale sur sa qualité de vie. La réussite ne dépend pas seulement de la gravité de la maladie, mais est également influencée par bon nombre d’autres facteurs, comme p. ex. l’histoire personnelle, les expériences dans des situations de crise, des facteurs propres à chaque individu comme l’anxiété. Le soutien contre le cancer (social et émotionnel) par la famille et les amis est également d’une grande importance pour faire face à la maladie : Celui-ci permet d’atténuer considérablement le stress.
Les stratégies possibles sont tellement variées, les moyens déployés aussi divers que ne le sont les individus. Lorsqu’on écoute attentivement les malades, on peut entendre : « On ne doit pas se laisser aller » – « Cela va bientôt s’arranger » – « Penser positivement est la seule chose qui puisse aider » – « Par rapport aux autres, je vais relativement bien » – « Je n’y arriverai pas tout seul, j’ai besoin d’aide » – « Je voudrais en parler avec d’autres malades » ou bien « Je dois mieux m’informer ».
Le danger est grand et cela est fréquent que les différentes méthodes pour gérer sa maladie soient classées comme « bonnes » et « mauvaises ». Le malade s’entend dire des propos du type : « tu dois » ou « tu ne dois pas ». Or si on examine bien le problème, on constate qu’il n’est pas si facile et évident de qualifier les moyens employés de « bon » ou « mauvais ».
C’est ainsi qu’une profonde et intense tristesse est généralement perçue comme une mauvaise réaction pour faire face à sa maladie et provoque souvent des inquiétudes dans l’entourage du malade. L’entourage ignore que c’est une réaction normale et de plus utile de travail de deuil.
Un cancer entraîne toujours un sentiment de pertes, que ce soit sous forme de perte d’un organe ou de fonctions corporelles, perte de vitalité, de la capacité de travail, des perspectives d’avenir ou simplement perte de l’insouciance chez les personnes bien portantes pour qui la santé est un bien évident. La première stupeur, le premier choc émotionnel font place à des réactions de deuil qui sont tout à fait normales et utiles comme moyens de gérer la maladie : Le travail de deuil constitue la base pour recommencer. Une période de deuil est suivie généralement d’une nouvelle période où domine un sentiment d’espoir qu’il y a malgré tout un avenir.
Les différentes manières de gérer son cancer influencent-elles l’issue et le déroulement de la maladie ?
Certains malades se demandent si la manière de réagir face au cancer peut éventuellement avoir une influence sur le déroulement de celle-ci, et même sur les chances de guérison. Certains malades en arrivent ainsi à craindre que tristesse et affliction n’aient des conséquences défavorables sur l’issue de leur maladie.
Il n’existe pas de réponse « toute faite » à la question sur l’influence du psychisme sur l’évolution de la maladie. L’oncologie moderne – science des tumeurs – montre des interactions et des réactions comportementales très complexes lors de l’apparition et du développement de cancers.
Les études sérieuses sur les différentes manières de gérer mentalement sa maladie ne fournissent pas une conclusion homogène mais un grand nombre de résultats contradictoires.
Certaines études indiquent qu’un « esprit de combattant », une collaboration active lors de la thérapie ainsi que la capacité d’extérioriser ses émotions comme la tristesse, la peur et l’agressivité améliorent les chances de survie. On attribue parfois les mêmes effets « au reniement » de la maladie. Certains auteurs arrivent à la conclusion que les malades qui se découragent et désespèrent de guérir perdent rapidement tout espoir, se replient sur eux-mêmes et ont une chance de guérison plus défavorable. Ceci correspond d’ailleurs à l’expérience que font des médecins spécialisés dans leurs domaines : Ils constatent par exemple que des patients en service de réanimation ont moins de chance de s’en sortir s’ils ont perdu tout espoir (« given-up-syndrom »).
Mais il existe entre-temps une série d’études qui ne confirment pas cette interaction entre manière de gérer mentalement la maladie et son évolution. Ainsi la science n’est pas encore en mesure d’apporter une réponse claire sur le sujet.
De manière générale les influences psychogènes sur l’évolution d’un cancer ne pas acquises par la science. C’est la raison pour laquelle les discussions sur la manière optimale de réagir face à la maladie reste plus du domaine des croyances, d’opinions et de points de vue personnels que de faits réellement prouvés scientifiquement.
Quelles conclusions peut-on en tirer pour le malade et ses proches ?
Comme il n’existe pas de recommandations communément reconnues sur les « bonnes » et les « mauvaises » stratégies dans la manière de gérer mentalement le cancer, c’est donc à chacun de trouver les moyens personnels appropriés. Une possibilité est de se poser ce genre de questions : « Qu’est-ce qui me convient? », « Qu’est-ce qui me fait du bien? » – « Qu’est ce que je peux essayer encore? ». Il ne faut jamais se laisser irriter par des conseils du type : « Tu dois » ou « Tu ne dois pas ».
Pour certains malades un groupe d’entraide ou un groupe sous conduite psychologique peut constituer une aide et un soutien contre le cancer. De même, une aide psychologique sous forme d’entretiens individuels ou d’entretiens avec le couple peut s’avérer utile pour
- apprendre à mieux gérer ses angoisses
- atténuer des dépressions
- apprendre des techniques de relaxation
- améliorer la communication à l’intérieur de la famille
- mieux prendre conscience de son corps
- trouver en soi des ressources et des forces de vie, etc