Cancer et société est une question toujours d’actualité car un cancer diagnostiqué est vécu par la personne concernée et tous les membres de sa famille comme un évènement décisif qui change la façon de vivre. Relations entre les membres de la famille, rapports étroits ou distants, répartition des rôles, tout cela doit être repensé le cas échéant. La routine quotidienne avec les occupations habituelles de chacun sera perturbée pour un certain temps.
La peur du cancer
L’environnement social élargi du malade – amis, voisins ou collègues de travail – se sent également déconcerté et souvent embarrassé. Il est fréquent au début que la spontanéité dans les relations en soit altérée. Une multitude de questions se posent : « Est-ce que dois demander à ma voisine atteinte d’un cancer comment elle se porte psychologiquement ? Ou devrais-je plutôt faire comme si de rien n’était ? » « Est-ce que je supporterai psychologiquement de rendre visite à mon collègue à la clinique et peut-être de voir à quel point il va mal ? » etc.
Pour certains, le « cancer » est tellement associé à la peur, qu’ils essaient d’éviter tous les points de contact ; cela peut même aller si loin qu’ils évitent le contact avec le malade d’un cancer. La peur prononcée d’en être eux-mêmes atteints plus tard joue un rôle important. D’autres craignent tout simplement de ne pas être capables de supporter les émotions parfois violentes et la détresse des malades, et ainsi préfèrent éviter les contacts cette relation « conflictuelle » entre cancer et société est très difficile à vivre par le patient.
Une malade de 40 ans atteinte d’un cancer du sein rapporte:
Depuis que ma meilleure amie a appris que j’ai un cancer du sein, elle m’évite. Lorsque nous nous voyons, elle a peu de temps à me consacrer et nos échanges sont tendus et superficiels, et tout ça après toutes ces années d’amitié. Elle n’évoque jamais la maladie, et quand j’ai envie d’en parler, elle s’esquive rapidement. Parfois j’ai même peur de perdre ma meilleure amie.
Le fait d’éviter le malade d’un cancer après avoir pris connaissance du diagnostic est devenu sûrement un phénomène plus rare qu’autrefois; cela reste cependant toujours un problème à prendre au sérieux. Beaucoup de malades rapportent qu’ils vivent la rupture de relations comme quelque chose de très blessant et de douloureux.
La difficulté à parler du cancer
Un autre exemple illustre la complexité de la relation cancer et société et la difficulté qu’on peut avoir à communiquer et la nécessité de montrer beaucoup d’intuition et de bon sens pour employer les bons mots au moment opportun.
Une malade de 35 ans atteinte d’un cancer des ovaires rapporte :
En ce moment je me remets très bien de l’opération, je sens mon énergie revenir doucement. Je n’ai plus si souvent envie de parler de la maladie et je remarque parfois quel effort cela me demande d’être constamment questionnée sur le sujet. La semaine dernière ma voisine me demanda soudain, lors d’une conversation à propos des devoirs à la maison des enfants, comment je faisais pour supporter la maladie – j’étais pourtant si jeune -, elle-même était persuadée qu’elle ne pourrait pas le faire.
La patiente, qui d’une part ne voulait pas être impolie face à sa voisine, mais qui sentait d’autre part qu’une nouvelle conversation sur le cancer la rendrait triste, se surpassa néanmoins en se disant :
Pas maintenant ! Et même pas avec ma voisine !
Elle changea de sujet et remarqua à un moment donné qu’elle commençait même à consoler sa voisine.
Une opportunité de renforcer vos liens
Voici encore ce dernier témoignage pour montrer que des maladies peuvent aussi offrir l’occasion de renforcer des relations, les consolider et les rendre plus intenses.
Un malade de 50 ans atteint d’un cancer de l’estomac rapporte :
[bzkshopping count=2] [pxn_faq keyword="%%title%%" count="3" model="gpt-3.5-turbo-instruct" hn="h3"][/pxn_faq]Un collègue qui est dans le même club de football que moi n’est devenu un véritable ami que grâce à ma maladie. Je me souviens encore très bien de ses visites régulières à l’hôpital, de sa capacité à m’écouter véritablement, de sa compassion – pas de sa pitié ! –. D’une certaine façon je pouvais simplement me plaindre et il pouvait le supporter. Cette expérience a fait de nous de véritables amis.